Rennes blancs de Laponie
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Laponie en hiver : aventures en Finlande au pays du Père Noël

Certaines destinations comme la Laponie font immédiatement écho à votre enfant intérieur. Elles appellent à l’aventure, aux légendes, au merveilleux. La Laponie, qui sait, était peut-être même la destination reine au hit parade de vos rêves de gosse.

Le Grand Nord, le vent glacial qui balaye la toundra, les forêts à perte de vue, les renards arctiques immaculés qui se camouflent dans les étendues blanches et disparaissent sans crier gare, les aurores boréales qui repeignent le ciel de couleurs féériques, les sapins qui croulent sous des croûtes de neige invraisemblables, les rennes et leurs longs cils, les chiens de traineau, et… le Père Noël !

La Laponie, c’était tout ça.

C’était ?

Chers lecteurs, chères lectrices qui avez su garder votre âme d’enfant, j’ai une bonne nouvelle pour vous : ça l’est toujours ! Je vous emmène aux sources du mystère de cette immense région qui s’étend au-delà du cercle polaire à travers la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, et qui non, n’est pas un pays.

Une petite voix fluette et consternée parvient soudain à votre oreille : “Si ! La Laponie, c’est le pays du Père Noël !”. Votre âme d’enfant, on a dit… Allez, zou !

Première escale : de la Tanzanie à Helsinki

Pour visiter la Laponie quand on est adulte il y a un prérequis essentiel : savoir encore s’émerveiller. Sinon, on passe à côté de l’essentiel.

(On me signale dans l’oreillette que c’est le prérequis de tous les voyages).

De tous les voyages ? OK. Donc, s’émerveiller.

Le voyage commence en ce 15 février à Helsinki. Vous venez de passer les deux heures du vol Finnair (depuis Paris) le nez collé au hublot pour essayer de voir si la Baltique était gelée et vous avez chopé un torticolis. Évidemment, vous n’avez rien vu.

L’avion se pose, vous vous jetez sur votre bagage à main dans lequel vous avez pris soin de stocker tout le matériel nécessaire pour survivre aux températures extrêmes en Finlande : doudoune en plume, première couche thermique en mérinos, bonnet en laine doublé polaire, moufles en duvet.

À lire également : Comment s’habiller pour un voyage en Laponie en hiver ? 👉 COMING SOON!

Vous lacez en vitesse vos après-skis pour éviter de vous faire distancer par les voyageurs derrière vous qui poussent dans la queue, vous dégringolez les marches de l’Airbus A320 et vous surgissez sur le tarmac de l’aéroport.

Première surprise, il ne fait pas si froid. Vous regardez autour de vous, perplexe. Sur le bitume, pas une once de neige. Angoisse. Votre hôte Airbnb qui vous a fait le plaisir de venir vous chercher à l’aéroport à 23 h avec sa vieille Passat s’appelle Samy. Il vous explique que ça fait 25 ans qu’ils n’ont pas vu ça à Helsinki, pas de neige du tout.

Le réchauffement climatique, quand on le vit en direct, mine de rien, ça fait comme un coup de massue derrière la nuque. Vous vous inquiétez. Vous demandez si c’est pareil en Laponie finalandaise. Il se marre. Mais non, là-bas, il y a toujours de la neige ! Ouf !

Paysage neigeux de Laponie
Coucher de soleil féérique dans la forêt du parc national d’Oulanka, Laponie finlandaise

Samy est le premier autochtone que vous rencontrez. Il est plutôt petit, black, et vient de Tanzanie. Ça fait 30 ans qu’il roule sa bosse sur les pistes d’atterrissage d’Helsinki pour prendre soin des avions de la Finnair.

Il vous accueille dans sa maison un peu défraîchie mais soigneusement aménagée pour accueillir les voyageurs en vadrouille. À moins de 15 minutes de l’aéroport, c’est une adresse Airbnb super pratique.

Un couple de jeunes Luxembourgeois vient d’arriver en même temps que vous. Samy vous installe tous ensemble sur la table de sa cuisine qui croule sous les biscuits japonais laissés par des touristes nippons de passage. Il vous sert de la tisane dans des bols en faïence et fait réchauffer des chaussons aux pommes. Des parfums de cannelle et de fruits des bois vous enveloppent. Vous vous sentez un peu comme chez un vieil oncle de Finlande, un peu comme à la maison.

Petite maison rougedans la forêt du parc national d'Oulanka
Petite maison dans la forêt du parc national d’Oulanka

Un voyageur biélorusse pousse peu après la porte de la maison. Il semble très bien connaître Samy et pour fêter leurs retrouvailles, Samy sort les bières du frigo. Chacun parle de son voyage à venir, de tout ce qu’il reste à découvrir.

En fin de soirée, Samy demande si vous souhaitez utiliser son sauna. Il a réussi à en aménager un derrière son garage avec tout le confort nécessaire. En Finlande, le sauna est une institution. Mais ça, on en reparlera plus tard. Les deux jeunes Luxembourgeois sont intrépides et filent l’essayer, même s’il est près de deux heures du matin.

Dessin de jeunes femmes dans un sauna
Jeunes femmes au sauna – Source : Pixabay

Vous, vous passez votre tour et allez vous écrouler dans le lit double de votre chambre qui fait face à une tapisserie sur laquelle des villageoises portant des jarres sur leurs têtes se découpent en ombres chinoises sur fond de case au soleil couchant.

Ce n’est pas exactement le dépaysement scandinave que vous attendiez mais la gentillesse de Samy vous réchauffe le cœur. C’est de bonne augure pour cet hiver Lapon que vous vous apprêtez à vivre. Et puis, la Finlande abrite le premier (et dernier) peuple autochtone d’Europe dont les représentant s’appellent… les Samis. De bonne augure, qu’on vous dit.

Trek de trois jours en raquettes et pulka dans le Parc National d’Oulanka

Le vol Helsinki – Rovaniemi ne dure qu’une heure et demie. Dans le hall vitré de l’aéroport de la capitale du Père Noël, vous trépignez alors que votre sac à dos, qui ne joue pas le jeu, semble se traîner jusqu’à vous sur le tapis roulant qui n’avance pas.

La gentillesse des Finlandais se confirme avec le jeune homme de la société de voitures de location qui vous indique négligemment que votre véhicule vous attend sur le parking et vous tend les clés avec un grand sourire. Ici, la confiance est de mise.

Dehors, il fait un peu plus froid qu’à Helsinki même si on est loin des -15°c des températures moyennes de saison. Il doit faire -2°c. Vos après-skis crissent dans la neige froide et vous inspirez l’air frais à pleins poumons. Autour de l’aéroport, il n’y a que des sapins.

Photo prise à traers la baie vitrée de l'aéroport de Rovaniemi, Finlande
Le paysage depuis la baie vitrée du petit aéroport de Rovaniemi donne le ton : de la neige et des sapins à perte de vue.

Astuce très simple pour repérer les Finlandais natifs des touristes, quand on voyage en Laponie : les touristes sont les gens emmitouflés de la tête au pied dans des combinaisons de ski avec chapkas et après-skis Sorel (qui résistent à -40°c), quand les populations locales se promènent en jean et laine polaire, avec des bottines Timberland.

Quelques minutes plus tard, alors que la Mazda 2 aux pneus cloutés roule impeccablement sur les routes rectilignes recouvertes d’une bonne couche de glace, la neige commence à tomber.

Vous avez rendez-vous à deux heures et demie à l’est de Rovaniemi, dans la petite ville de Kuusamo toute proche de la frontière russe. Heidi, une jeune femme adorable qui mène d’une main de maître le centre Adventure Apes, va vous louer le matériel qui vous manque pour compléter votre équipement pour trois jours de randonnée en raquettes et pulka en autonomie à travers la forêt du parc national d’Oulanka, très connu dans la région pour être l’un des plus sauvages de Finlande.

Randonnée en raquettes et Pulka en Laponie
La pulka est l’accessoire indispensable de vos randonnées au long cours en Laponie

La raquette à neige est, parmi toutes les activités proposées en Laponie finlandaise pendant la période de l’hiver, celle qui vous offrira le contact le plus authentique avec la nature environnante (ce qui est moins le cas du raid à motoneige).

Rajoutez la pulka, ce traineau à tirer qui vous permet de porter tout votre matériel sur de longues distances, et vous devenez Vincent Munier (à checker, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le pape français de la photographie animalière en régions polaires notamment).

Une expérience inoubliable à découvrir ici : Trek en raquettes en Laponie finlandaise : 3 jours en autonomie dans le Parc National d’Oulanka

Des rennes et du ciel bleu, mais pas de Samis

De retour de trois jours de rando raquettes sous la neige, vous n’avez eu qu’une envie, c’est prendre une douche chaude et profiter d’une bonne nuit de sommeil réparatrice. Hier soir, vous vous êtes écroulé·e dans votre lit à Adventure Apes et ce matin, quand vous tirez le rideau, un soleil éclatant vous éblouit à travers la vitre.

Forêt enneigée sous le soleil de Laponie
En Laponie, tout est plus magique quand le soleil paraît !

Il a neigé toute la nuit et tout a été saupoudré de blanc. À tel point que les balançoires du jardin touchent le mètre de neige au sol. Les sapins scintillent sous le ciel bleu. Heidi vous informe : “Habillez-vous bien parce que dehors, il fait -20°C”. C’est la première journée de beau temps, et sans doute la seule ensoleillée de toute la semaine. Vous vous préparez rapido pour en profiter au maximum.

Aujourd’hui vous partez à la rencontre d’un animal mythique bien connu pour tirer le traineau du Père Noël avec brio, j’ai nommé, le renne. Vous allez visiter la ferme des rennes Kujalan Porotila qui est bien rodée à l’exercice de faire découvrir cet animal majestueux qui occupe une place très importante dans la culture lapone.

Dans une opération marketing réussie allant de pair avec la proclamation de Rovaniemi comme ville officielle du père Noël, la Finlande annonce fièrement qu’il y a en Laponie finlandaise plus de rennes que d’habitants.

Jeune renne blanc de Laponie
Jeune renne blanc qui n’a pas encore fait ses bois

À travers toute la Laponie, de la Norvège à la Russie, l’élevage des rennes est plus qu’une activité économique de subsistance, c’est un mode de vie. Depuis 10 000 ans, les Samis, peuple autochtone de tradition nomade le plus ancien d’Europe, prennent soin des troupeaux de rennes semi-domestiqués qu’ils emmènent pâturer au fil des saisons. Aujourd’hui, des aides de l’État aident tant bien que mal à préserver ces traditions.

Les Samis pratiquent une religion qui peut être qualifiée de polythéiste, entre le paganisme et l’animisme. De ce fait, la culture Sami et ses traditions prennent racine dans une connexion très forte entre l’humanité, la Terre et le règne animal où le renne, animal mythique venu du fond des âges glaciaires, a une place centrale, presque sacrée.

Famille de Samis, peuple autochtone de Laponie
Famille de Samis, peuple autochtone de Laponie, autour de 1900 – Source : Wikimedia

Quand les Samis tuent un renne, ils se servent de toutes les parties de l’animal : les peaux sont transformées en mitaines, en chapkas, en vestes et en chaussures étrangement recourbée au bout, comme celles des bardes moyenâgeux. La viande est vendue à grande échelle dans tout le pays, et elle est aussi exportée. Les bois et les os sont utilisés en artisanat pour créer toutes sortes d’objets — couteaux, bijoux.

Vous auriez bien aimé, au fond, rencontrer les Samis. Parce qu’ils ont cet étrange dénominateur commun avec les Mongols ou les Indiens d’Amérique, ces peuples qui tentent de survivre à leurs traditions qui font qu’ils sont bien plus en harmonie que nous avec la Nature et le cosmos. Survivre envers et contre tous, contre la modernité, le règne du matérialisme rationnel et la globalisation qui gomme les cultures ancestrales.

Éleveur de renne en Laponie finlandaise
En Laponie finlandaise, les éleveurs de rennes nourrissent les troupeaux en hiver avec du lichen fourni par l’industrie forestière

Au lieu de ça, vous batifolez une heure dans l’enclos de la ferme Kujalan qui doit vivre tout autant de son activité touristique (25€ par personne tout de même pour le tour) que de la commercialisation de la viande de rennes. Le jeune homme qui vous fait la visite est très sympathique. Il arrive tout droit d’Helsinki où il a grandi et s’émerveille de découvrir ses premières aurores boréales, ici, en Laponie. Il sait même faire faire des tours aux rennes dont il s’occupe et les fait monter sur ses genoux.

Aude nourrit les rennes en Laponie
Dans la peau d’un éleveur de rennes

Il vous donne de grands sacs remplis de lichen ramassé sur les sapins — la nourriture des rennes en hiver — et vous regardez les bêtes s’approcher placidement de vous pour quémander la précieuse gourmandise.

Vous repartez de la ferme après avoir bu un chocolat chaud dans un Kota (tipi traditionnel finlandais), assis·e sur de belles peaux de rennes avec d’autre touristes, autour du feu, pour vous réchauffer. Vous n’avez rien acheté à la boutique parce que vous essayez de vous astreindre à une logique végane pour ne pas acheter de produits dérivés d’animaux.

Ils sont si beaux à regarder, ces rennes, que serait-ce alors de les voir courir dans leur milieu naturel ?

Rennes dans une ferme de Laponie finlandaise
Les rennes portent la marque de leur éleveur sur l’épaule

Manger végétarien en Laponie finlandaise : un défi

Après les rennes, vous avez très faim, mais surtout aucune envie de manger la spécialité lapone qui se trouve en Finlande à toutes les sauces, à savoir, le-dit renne.

En fait, dès que vous apercevrez le mot “poro/poron” sur une carte, vous y aurez droit.

En ragoût (Poronkäristys), sauté (Poro-kasviskäristys), en charcuterie… Toute occasion est bonne pour célébrer l’animal-ressource incontournable qui fait le régal des fins gourmets Finlandais.

Rayon de saucisses dans un supermarché de Laponie finlandaise
Le rayon des saucisses en Laponie finlandaise force le respect

D’une manière générale, les Finlandais ont beau être des Scandinaves ouverts aux valeurs alternatives, ils ne sont pas si végétariens que ça. Si ce n’est pas le renne, ce sera le saumon ou l’omble-chevalier que l’on vous servira dans les restaurants typiques. Rien ne remplace les protéines pour survivre aux températures polaires.

La bonne nouvelle, c’est que les étals de fruits et légumes sont, contre toute attente, incroyablement bien approvisionnés : bananes, oranges, fruits exotiques, légumes en tous genres (d’importation -> on n’est pas non plus au fin-fond de l’arctique, hein), crudités, il y a de quoi se régaler. On s’imagine la Finlande comme “le pays où les gens mangent du phoque et des patates”, eh bien que nenni.

Pour vous sustenter, vous avez l’option des restaurants végans et végétariens, qui sont une valeur sûre et commencent à gagner du terrain dans tous le pays. Même à Kuusamo, qui n’est qu’une petite bourgade, il y a UN restaurant végan, et pas des moindres, il s’agit du restaurant végan le plus au Nord du monde (une grande fierté pour lui) ! Il s’appelle Kasvisravintola Karpalo.

C’est un restaurant du midi qui propose un délicieux buffet dans lequel vous pourrez choisir parmi un assortiment de toutes sortes de plats délicieux, tous cuisinés maison (lasagnes, boulettes aux légumes, soupes, salades, etc) avec café et dessert, pour moins de 10 euros. C’est le concept du fameux “lounas”, le lunch-buffet proposé un peu partout en Finlande.

Les horaires de Karpalo sont 11 h – 15 h et on ne peut que recommander ce charmant petit endroit ultra cosy où le patron vous recevra comme des hôtes de marque et discutera avec vous avec une grande gentillesse.

À Karpalo comme dans plusieurs restaurants locaux, il n’y avait pas de carte en anglais.

Dans les supermarchés, pas évident non plus de se repérer, surtout que la langue finnoise est tout bonnement incompréhensible pour qui n’en a pas les rudiments. ESSAYEZ PAR EXEMPLE DE TROUVER UN SANDWICH VÉGÉTARIEN. Ah ah !

Moutarde finlandaise non traduite
Turun Sinappia ? Mais qu’est-ce donc que cela ???
Moutarde finlandaise
Aaahh… C’est de la Turku Moutarde finlandaise !

Dans vos pérégrinations à comprendre ce qu’il y a d’écrit en finnois sur les étiquettes, voici un outil qui vous sauvera la mise, j’ai nommé, l’option “photo” de Google Translate. Il vous traduit à la volée (plus ou moins bien, mais c’est déjà ça) tout ce qu’il y a d’écrit sur les aliments. Et là, vous revivez. Vous choisissez sans vous tromper la saucisse veggie au milieu du rayon saucisses qui n’en finit plus (oui, les Finlandais sont très adeptes de saucisses).

Cette astuce donnée, vous savez l’essentiel. Vous aurez ensuite tout le temps de découvrir les spécialités du pays qui ont des noms à coucher dehors et qui ne sont pas toutes des réussites. Mais ça fait partie du voyage !

La chasse aux aurores boréales, ou les nuits sans sommeil

Ce mercredi, quand la nuit tombe, le ciel est dégagé et c’est le temps idéal pour aller à la chasse aux aurores boréales.

Il est 21 h 30, vous vous munissez de votre trépied acheté pour l’occasion, vous empilez les couches de vêtements pour attendre dans le froid polaire et vous partez.

Équipée pour la chasse aux aurores boréales en Laponie
La chasse aux aurores boréales par -20°c en Laponie nécessite un équipement musclé pour résister au froid

La Mazda 2 roule sur les routes désertes à la recherche du meilleur spot. Vous n’avez pas voulu vous faire accompagner par une agence spécialisée qui vous aurait pris 250 euros par tête donc vous vous débrouillez avec des tâtonnements et des recherches Google.

Vous allez un peu sur les hauteurs, aux alentours de la station de ski de Ruka (moins connue que celle de Levi, plus au nord). La vue est dégagée mais il y a trop de vent et trop de lumières. Vous redescendez.

Vous tournez un long moment sur les chemins résidentiels qui serpentent au milieu des maisons pour trouver un coin adéquat.

Finalement, vous en trouvez un. Une place au calme qui regarde le Nord avec une frange de sapins qui vous fait un très joli premier plan.

Vous faites vos réglages. Vous n’êtes pas photographe de métier et ça se voit. Vous avez quand même votre bon vieux G7X qui vous accompagne dans tous vos voyages et qui lui masterise la pause longue, au cas où, en backup.

Par moment, le 90D capte une traînée verte dans le ciel, mais vos yeux, que dalle.

Légère aurore boréale dans le ciel de Laponie
Pâle aurore boréale que l’appareil photo distingue dans le ciel étoilé de Ruka, Laponie Finlandaise

Dans la voiture, votre fiancé·e se marre comme une baleine et tourne des vidéos laconiques sur le fait “qu’il est 23 h 40, que l’appareil photo lui voit des aurores mais que vous, vous ne voyez toujours rien” (non, n’insistez pas, je ne publierai pas ces vidéos ici).

Après 3 heures d’attente dans le froid à sautiller pour essayer de ne pas finir congelé·e par -20°c, vous jetez l’éponge.

C’était la deuxième nuit où vous tentiez d’apercevoir des aurores. La première, c’était chez Heidi, et vous aviez fièrement veillé jusqu’à une heure du matin. On vous a annoncé le lendemain que l’aurore était apparue sur le coup des 4 heures. Loupé.

Vous vous dites que chasser les aurores boréales est un job ingrat, d’autant qu’il faut avoir envie de veiller des nuits entières alors que la journée est bien chargée en activités, et vous rentrez brocouille à l’hôtel.

Astuce pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir des aurores boréales en Laponie (ou comment faker une aurore boréale qui en jette) 👇 :

Photo aurore boréale
On a vraiment eu de la chance… regardez ces couleurs !
Carte postale d'aurore boréale avec main
Astuce ! Photographier une carte postale !

L’aventure en chien de traineau

Le lendemain matin, pour chasser le chagrin des aurores boréales invisibles, vous réalisez un rêve d’enfant. Vous transformer, l’espace de trois heures, en Nicolas Vannier pour partir fendre les forêts du parc national de Riisitunturi aux commandes d’un traineaux à chiens.

Vous avez pour cela rendez-vous chez Kota Husky, une petite entreprise familiale dans la région de Posio qui propose des excursions responsables pour découvrir l’univers du chien de traineau.

Sapins recouverts de neige en Laponie finlandaise
Sapins chargés de neige, représentatifs du parc de Riisitunturi

Le point de rendez-vous se trouve à la limite du splendide parc de Riisitunturi, bien connu pour ses paysages d’épicéas croulant sous une couche de neige impressionnante, les faisant ressembler à des pénitents blancs figés dans l’immensité du froid lapon.

Vous arrivez avec quinze minutes de retard (oui, la route est glissante et il neige à gros flocons) et le groupe, debout en cercle sous la neige battante, est déjà en train de recevoir les instructions du moniteur.

Tout le monde est soit emmitouflé dans des combinaisons intégrales de cosmonautes bleu marine et noires (pour les gens qui viennent avec un tour opérator), soit calfeutré sous des bonnets et des anoraks. Vous vous réchauffez comme vous pouvez en tanguant d’un pied sur l’autre tandis que le jeune instructeur, en chemise à carreaux, enseigne les rudiments du dur métier de “musher”.

Husky aux yeux vairons

“Les chiens sont attentifs à vos gestes”, explique-t-il, “c’est vous qui menez le traîneau. Ayez toujours un pied sur le frein” (le frein étant une barre transversale en métal qui bascule quand on appuie dessus pour planter ses dents métalliques dans le sol de neige).

“Dans les descentes, il faut retenir le traîneau pour ne pas qu’il vienne heurter les chiens. Dans les montées, il faut les aider en poussant du pied comme si on faisait du skateboard. Et bien sûr, il faut garder les distances de sécurité entre chaque traîneau”.

Husky yeux bleus
Quand vous conduisez le traineau, les chiens se retournent pour écouter vos instructions !

Il y a deux personnes par traîneau. Vous vous asseyez en passager·e et on vous recouvre les deux jambes d’une épaisse couverture pour vous protéger du froid. Celui qui ne conduit pas, c’est celui qui prend les photos ! Ensuite, on échange. Tant mieux, parce qu’en tant que tel, sans vos bras qui dépassent, avec votre masque de ski vissé sur le nez et la capuche de la Gore-Tex rabattue par-dessus, on dirait R2D2 planté dans le vaisseau de Luke Skywalker.

Dans le traineau à chiens
Emmitouflés pour résister au froid en traineau à chiens

Tout autour de vous, les huskies surexcités à la perspective de partir en balade jappent et aboient sans discontinuer pour manifester leur enthousiasme. C’est une totale cacophonie mais ça fait plaisir à voir.

Enfin, c’est le départ. Les chiens bondissent comme des fous, tirant sur leurs harnais avec une énergie invraisemblable et le traineau file dans les étendues glacées.

Chiens de traîneau, Laponie finlandaise
À pleine vitesse dans le parc national de Riisitunturi

Vous êtes en réalité un équipage poids-plume et vous vous rendez vite compte que les 7 huskies qui vous ont été assignés sont bien trop vigoureux. Cela vous oblige à conduire les 2 pieds sur le frein. Régulièrement, Lauri, votre guide, stoppe le groupe pour changer quelques chiens et rétablir les équilibres entre ceux qui sont trop rapides et ceux qui sont plus pépères.

Les forêts défilent sous la neige qui n’arrête pas de tomber et le traîneau glisse sans bruit. Régulièrement, le chien “leader” (un husky d’Alaska caramel et blanc, dans votre cas) se retourne pour vous suivre des yeux et vérifier que l’attelage va dans la bonne direction. C’est une expérience magique.

Chien eurasier roux

Au retour de trois heures de parcours, vous avez droit à un lunch bien mérité à nouveau dans un Kota, avec sandwiches au saucisson de renne et fromage et jus de baies nordiques servi chaud (glögi). Et mon Dieu, ça fait du bien !

Bouilloire ancienne sur feu de bois
La bouilloire fait chauffer le « Glögi », un jus de baies arctiques typiquement finlandais

Nuit dans une cabane en forêt au bord du lac

Dans l’après midi, ragaillardi·e après cette expérience inoubliable de traineau à chiens, vous partez dans Posio en quête de quelque chose à préparer pour votre dîner du soir.

Posio, on l’a dit, n’est pas ce qu’on pourrait appeler une ville charmante mais elle a le mérite de posséder deux supermarchés locaux plutôt bien achalandés pour y acheter tout le nécessaire pour préparer de délicieuses fajitas.

Poivrons frais, avocat, émincés vegan, sauce salsa, fromage cheddar, salade de jeunes pousses, épices Old-el-Paso pour guacamole et sachet de tortillas tombent dans votre panier, ainsi qu’un pot de glace à la fraise en guise de dessert reconstituant.

Pot de glace à la fraise finlandais
Même la crème glacée est végan ! Merci la Finlande 🙂

Pour acheter la bouteille de vin qui va avec, c’est plus compliqué. Il faut se rendre dans les boutiques spécialisées en vente d’alcool. Dans la galerie marchande non loin de là, une jeune vendeuse à l’anglais impeccable vous renseigne tant bien que mal. Il n’y a que des vins espagnols ou chiliens mais ça fera bien l’affaire. Vous jetez votre dévolu sur un Pinot Noir Casillero Del Diablo.

Vous passez la soirée en amoureux dans un cadre idyllique et très romantique : un chalet en bois au bord d’un lac, au Holiday Village Himmerki (oui, le nom ne fait pas rêver mais il ne rend pas justice au lieu). Il neige toujours et la balade sur le lac gelé offre des perspectives oniriques sur un horizon un peu flou où se noient les frises de sapins sur la rive.

Cabane en forêt en Laponie finlandaise
Cabane en forêt au bord du lac

Quand le soleil disparaît tout à fait, vous rentrez à la “cabane”. Ce petit chalet pour deux personnes est un ravissement de naturel et de praticité. Petite kitchenette, chambre cosy et salle de bain avec sauna privatif miniature vous tendent les bras. Le style nordique en gros rondins est tellement chaleureux.

Marcher sur le lac gelé, sous la neige
Marcher sur le lac gelé, sous la neige

Il faut quand même revenir sur le petit sauna parce que vous n’avez jamais rien vu de tel. Les pierres de lave du petit convecteur sont chauffées électriquement mais font très bien leur office. La température grimpe vite à 80 °c et vos muscles se détendent instantanément après cette journée fraîche au grand air.

Mini sauna finlandais
Mini sauna finlandais

En sortant de là, avec la peau qui a été mise à rude épreuve par le froid et le chaud consécutif, c’est bien d’avoir pensé à mettre dans son sac une crème bien nourrissante pour la peau. Le généreux pot de “Crème de Laponie” de chez Polaar fait merveille (à bon entendeur).

Pot de crème de Laponie pour le visage
La crème « doudoune » qu’il vous faudra en Laponie ! (de chez Polaar)

Vous passez évidemment une excellente soirée et vous n’avez qu’une envie : rester vivre là, au bord du lac, pendant 3 mois, loin de tout.

Rencontre avec le Père Noël de Laponie

Votre séjour en Laponie se termine et le lendemain est le jour de votre vol retour. Alors voilà, vous êtes adulte, et aucun enfant ne vous accompagne, mais que diable, vous avez très envie d’aller rendre visite au Père Noël !

Après tout, Rovaniemi a bien été sacrée ville officielle du Père Noël et vous ne pouvez pas louper ça.

Santa Klaus Village (oui, ça non plus ça ne fait pas rêver) se trouve à moins de 2 minutes en voiture de l’aéroport. Pas moyen de se perdre : tous les 500 mètres, d’immenses panneaux affichant le patriarche joufflu et barbu vous indiquent le chemin.

À 50 mètres de la maison du Père Noël se trouve la limite du Cercle Polaire Arctique. Au-delà de cette ligne, c’est le Grand Nord ! Vous immortalisez cet instant avant de rentrer pour la visite à Santa.

Photo devant la limite du Cercle Polaire Arctique
Photo devant la limite du Cercle Polaire Arctique

Si l’extérieur fait un peu Disneyland, dans la maison du Père Noël, les lumières sont tamisées et l’ambiance donne le change. Des étagères de bois sont chargées de paquets prêts à être expédiés, avec le nom de chaque enfant dessus. C’est la Poste du Père Noël ! Les lutins s’affairent toute l’année pour préparer le Grand Jour et il paraît que 20 millions de lettres envoyées chaque année atterrissent ici.

Etagères de la maison du Père Noël remplies de cadeaux
Les étagères de la Poste du Père Noël…

À vrai dire, gamin·e, vous avez toujours eu envie d’écrire une liste de cadeaux bourrée de fautes, de la fourrer dans une enveloppe et d’écrire simplement en guise d’adresse “Père Noël, Laponie”. Eh bien faites ça, et votre courrier arrivera illico ici, à Rovaniemi.

Dans le hall, une immense horloge à balancier en laiton indique l’heure qu’il est dans tous les pays du monde. C’est l’horloge magique que le Père Noël utilise pour ralentir le temps pour pouvoir livrer ses cadeaux à tous les enfants en même temps le soir de Noël !

Sans compter que le vieil homme se déplace en traîneau tiré par des rennes et que mine de rien, ça n’avance pas si vite (il aurait dû prendre un traineau à chiens !), outre le fait que ça ferait plutôt mauvais genre de voir un paquet tomber dans la cheminée trois semaines après la bataille.

Paquets cadeaux dans la maison du Père Noël, Rovaniemi (Laponie)
Attendant tranquillement la distribution, les paquets cadeaux sont déjà prêts…

Devant vous, il y a une queue immense. Ce sont tous les gens qui vont rendre visite au Père Noël (il faut dire que c’est gratuit). Détail étrange, il y a plus d’adultes que d’enfants ! Notez d’un sens, ça vous rassure, vous vous sentez moins idiot·e. Vous angoissez de passer toute votre journée là à attendre mais en réalité, tout est très bien huilé et ça va plutôt vite.

En patientant dans la queue, vous procédez, fébrile, aux réglages de votre tout nouveau Canon 90D qui soi-disant n’est pas si mal en environnements peu lumineux.

Arrive votre tour. Une lutinette se rapproche de la barrière qui garde l’entrée du “bureau du Père Noël”. “Hi, what’s your name and where are your from?”. Vous répondez religieusement. “In 3 minutes, it will be your turn! Smile and enjoy!”.

En réalité, vos yeux viennent de se poser sur une petite pancarte à l’entrée du bureau du Père Noël : “photos interdites”. Vous ne souriez plus du tout et avez envie de jeter votre réflex à la face du Vieux Santa en criant au scandale du merchandising.

Ici, voyez-vous, les photos sont prises officiellement par les lutins du Père Noël qui ont un téléobjectif long comme le bras et qui sont des pros, OK ? Vous pourrez acheter vos photos (à prix d’or) à la sortie. Vous ragez intérieurement. Votre fiancé·e à côté commence aussi à faire la moue d’avoir attendu une heure pour cette mascarade.

La barrière s’ouvre.

C’est à vous.

Et là, quelque chose d’incroyable se produit.

Cadeau de Noël avec étiquette Amélie

Le Père Noël est assis sur son fauteuil en bois dans son costume traditionnel, avec sa barbe blanche immense et ses énormes chaussures rebondies, taille 54. Les lumières dorées se reflètent sur les meubles polis qui sentent bon la cire d’antan.

Il vous sourit et vous fait signe d’approcher.

“Bonjour, Aude, bonjour Julien ! Comment allez-vous aujourd’hui ? Allez, approchez ! N’ayez pas peur !”. Le Père Noël n’a pas une once d’accent. Il parle toutes les langues. TOUTES.

En un battement de cils, votre acrimonie vous quitte. Hop, envolée la frustration de ne pas tirer le portrait de Santa vous-même ! En un battement de cils, vous avez à nouveau 5 ans.

La vidéo qui enregistre vos faits et gestes vous montrera plus tard que vous aviez réellement l’air d’avoir 5 ans (pour acheter la vidéo, c’est 30 euros de plus).

Les épaules rentrées, l’un et l’autre, vous vous rapprochez timidement.

Le Père Noël est d’une bienveillance incroyable. Il a un fluide, quelque chose, une malice au fond de ses yeux bleus rieurs, derrière ses lunettes rondes. Bien que vous soyez sans doute les 278e visiteurs de la journée, il vous fait vous sentir unique.

C’est votre moment. Le temps s’arrête. Est-ce un coup de l’horloge magique ? Vous ne voyez plus les lutins, en face, armés de leurs téléobjectifs géants.

Et voilà que, dans un geste aussi spontané qu’incontrôlable, vous vous collez soudain à lui, vous posez les mains sur son gros ventre, alors qu’on vous tire le portrait. Vous ne souriez pas, vous jubilez.

L’instant ne dure que 3 minutes mais ce sont trois minutes d’éternité.

Vous en êtes sûr·e à présent.

C’était LE VRAI Père Noël.

Rencontre avec le Père Noël

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Cover Pinterest Laponie Finlande

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