Marrakech en solo : 4 jours en slow travel pour décompresser
Il est 23 heures et je marche dans les ruelles de la médina de Marrakech, désertes à cette heure. Mon taxi m’a déposée au pied de l’une des vingt portes qui encerclent la vieille ville, non loin de la place Jemaa El Fna. Je me dirige vers l’adresse de mon Riad, entrée dans mon GPS. Les murs roses défilent dans le dédale des allées étroites et biscornues, faiblement éclairées par quelques lampadaires isolés. Il fait très doux et des odeurs de cuir mêlées d’épices montent de la chaux encore tiède.
Nous sommes au tout début du mois de mai et je dois avouer que j’avais vraiment besoin d’une pause détente et déconnexion. Je suis à Marrakech en solo pour 4 jours de décompression et d’immersion dans l’exotisme du Maroc que j’aime tant. 4 jours pour me ressourcer, flâner et m’imprégner de cette culture, de ces couleurs, de ces traditions qui seules savent à ce point me dépayser.
Je suis en mode “slow travel”, ce qui signifie que je vais prendre mon temps, tout le temps nécessaire, sans chercher à cocher les cases des “10 choses à faire à Marrakech”. Je vous emmène tout en douceur au gré d’un itinéraire non exhaustif qui privilégie la qualité sur la quantité, avec tout le temps pour se retrouver soi, et avancer sur son cheminement intérieur.
Les filles : comment s’habiller au Maroc ?
Comment s’habiller, c’est un peu la grande question, quand on voyage à Marrakech en solo. Le Maroc est un pays musulman et les femmes y ont coutume de se couvrir avec pudeur. Pour autant, Marrakech est sans doute la ville la plus visitée du Maroc, et les mœurs y sont on ne peut plus ouvertes et tolérantes.
Ici, le touriste fait partie du jeu, et les tenues féminines “inappropriées” ne semblent plus choquer personne. Même celles qui se promènent à moitié nues au bras de leur petit ami avec des jupes ras-les-fesses ou des décolletés en V ultra plongeants jusqu’au nombril (hé oui, ça existe malheureusement).
Ce n’est pas une question de conservatisme, c’est juste une question de respect de la culture locale. À Marrakech, les femmes ne sont pas toutes voilées, loin de là (surtout les jeunes femmes), mais quasiment toutes, dans les quartiers populaires surtout, portent une djellaba. Évitez donc, dans la mesure du possible, les débardeurs, les shorts, les jupes trop courtes, les décolletés.
Sinon on voit souvent passer, à Marrakech, des instagrammeuses en robes longues extravagantes. Ici, le problème ne vient pas du long. Simplement, ces habits de soirée chamarrés à perles, broderies et longues traînes font peut-être joli sur les photos dans les riads, mais ça s’arrête là (sans parler de la praticité de telles tenues vestimentaires quand on veut marcher dans la ville).
Pour voyager tranquille à Marrakech en solo, sans susciter des regards non voulus ni attirer l’attention, j’ai opté pour du long, du simple, du coloré. Je vous conseille aussi de privilégier, dans la mesure du possible, les matières naturelles comme le lin et le coton, qui sont très confortables par grandes chaleurs.
Ma panoplie vestimentaire comportait donc (pour 12 jours, parce qu’après 4 jours à Marrakech je partais à Fès et Chefchaouen) :
Pour la ville :
- une robe longue à petites manches boutonnée couleur jaune
- un pantacourt écru en lin
- un pantacourt plus “ville” couleur rose
- un tunique à manches longues imprimée
- une chemise à manches longues en lin (blanche)
Pour les excursions :
- plusieurs t-shirts manches courtes
- un pantalon convertible anthracite style rando d’été (Quechua)
- un coupe-vent à capuche noir (mon sempiternel softshell Montura, modèle Kalimnos)
- une veste de pluie légère grise (Montane, modèle Minimus Stretch Jacket)
Côté accessoires :
- un chapeau (un indispensable me concernant à cause d’un mélasma au visage que j’ai depuis des années)
- un chèche ou un foulard (que vous pourrez d’ailleurs acheter sur place !) qui vous permettra de vous couvrir les épaules soit quand la température baisse en soirée soit pour vous protéger du soleil
- des sandales de ville mignonnes mais confortables pour marcher (ancien modèle Quechua Switch)
- des baskets de trail/marche basses
- un petit sac à dos
- une gourde 50 cl en alu (pour éviter la pollution des bouteilles plastiques)
- de la crème solaire digne de ce nom pour le visage (Actinica Lotion) et Avène 50 (reste du corps)
Dans la médina, oubliez votre GPS
Première chose à savoir lorsque l’on explore la médina, surtout la nuit : votre GPS ne vous servira à rien. Il est 23 heures, je suis descendue de l’avion il y a à peine une heure et je tourne déjà en rond dans le labyrinthe de minuscules ruelles torves et peu éclairées. Je passe sous des arches, dans des couloirs, je traverse de minuscules placettes, pour finalement me retrouver à passer 5 fois devant la même pharmacie, dans une artère principale.
L’aiguille de mon GPS se joue de moi, m’indiquant de tourner pour finalement me faire revenir sur mes pas. Tous les noms possibles de riads défilent sous mes yeux, gravés au-dessus de lourdes portes en bois ou modestement notés à la peinture sur quelque vieille enseigne suspendue. Tous, sauf celui que je cherche. Je commence à fatiguer et à me décourager.
Heureusement, un vieil homme qui passait par là me voit le regard rivé sur mon téléphone et me sauve de ce mauvais pas. À Marrakech, un touriste qui marche les yeux rivés sur son téléphone, puis s’arrête tous les 30 mètres pour regarder autour de lui, est considéré par tout le monde comme perdu.
Il commence par me demander le nom du riad, réfléchis et m’invite à le suivre. J’arrive à bon port, rassurée, et je remercie chaleureusement le vieux Marrakchi. Il a été heureux de me rendre service et ne m’a rien demandé.
Je constaterai le lendemain que ce n’est pas le cas des enfants qui ont fait du guidage de touristes un vrai business et qui exigent rétribution pour des services qu’on ne leur demande pas. Les “Vous cherchez la place Jemaa El Fna ?” “You lost?”, devront être éconduits avec parfois toute la difficulté du monde, encore plus si vous êtes une femme et que vous visitez Marrakech en solo.
La médina de Marrakech, si vous ne traînez pas votre valise derrière vous, doit pourtant se découvrir comme cela : en se perdant. Dès le lendemain, je décide de partir légère avec un petit sac à dos, une gourde et mon appareil photo pour m’imprégner de l’atmosphère unique de la vieille ville.
Au petit matin, alors que je quitte la quiétude du petit riad où j’ai passé la nuit, où le chant des oiseaux jouant dans les branches de l’oranger qui pousse au milieu du patio intérieur m’a réveillée en douceur, je m’immerge dans le tohu-bohu de la médina et c’est un choc.
Jour 1 : Flânez dans les souks animés
Le voyage est avant tout l’occasion d’une transformation intérieure, et pour moi, cette transformation est instantanément facilitée par le changement de prisme que la ville ocre opère sur moi.
L’exemple le plus frappant, ce sont les souks. Ces marchés d’un autre temps à ciel ouvert où babouches, articles de cuir, artisanat de cuivre ou de laiton ciselé, lampes merveilleuses, parfums et encens, épices et fruits secs s’empilent dans un dédale de ruelles labyrinthiques dans lesquelles vous ne retrouvez jamais tout à fait votre chemin.
Visiter les souks de Marrakech en solo, c’est plonger dans l’atmosphère des mille et une nuit, mais c’est aussi faire l’objet de mille sollicitations en tant qu’acheteur potentiel. Si les souks sont vivants, ils sont tout sauf apaisants.
Il vous faudra affronter les klaxons intempestifs des mobylettes et les slogans commerciaux des artisans qui tentent de vous alpaguer, éviter entre les carrioles des marchands tirées par des ânes poussifs, zigzaguer entre les habitants qui font leurs courses, les miséreux qui font la manche et les enfants qui tirent la vôtre pour vous montrer le chemin, moyennant quelques dirhams.
Prenez une grande inspiration et plongez. Marrakech a bien plus à offrir que sa réputation d’”Arnakech”. Laissez-vous émerveiller par les souks qui sont à eux seuls une expérience extraordinaire. Voici un circuit qui vous permettra d’en découvrir les arcanes sur une journée.
Pour en savoir plus : Les souks de Marrakech : marchés des mille et une nuits.
Jour 2 : Ressourcez-vous dans les Palais et les Jardins de Marrakech
Tout est une question d’équilibre et la visite des souks de Marrakech en solo nécessite d’être suivie d’une respiration. Je consacre donc mon deuxième jour à la visite des Palais et des Jardins de Marrakech qui offrent un véritable oasis de calme dans le tumulte de la ville.
Je vous propose un itinéraire de jardins en palais, qui se fait à pied et en prenant son temps, sur une journée.
Le parcours vous mènera à travers 6 jardins, palais et sites exceptionnels, pour s’éloigner de l’agitation des souks et retrouver la sérénité dans des écrins de verdure hors du commun.
Oliveraies antiques, palmiers dattiers bruissant dans le vent, plantes tropicales et orangers vous offriront la fraîcheur de leurs ombrages pour méditer en silence, lire en toute tranquillité ou rêver à ciel ouvert.
La distance de marche totale est de 13 km mais on peut très bien raccourcir les distances en prenant un taxi sur certains tronçons (exemple : Ménara – Majorelle).
Pour en savoir plus : Une journée à travers palais et jardins de Marrakech
Jour 3 : Prenez un cours de Cuisine Marocaine chez l’habitant
Depuis deux jours que je suis à Marrakech, je vous avoue que je suis parfois déçue par la qualité gastronomique de ce que j’ai dans mon assiette. Trop souvent, mon couscous aux légumes s’est résumé à un bout de carotte flottant dans un bouillon insipide entre un tronçon de courgette et une pomme de terre esseulée.
La faute à pas de chance ? Au Lonely Planet qui devrait revoir ses adresses ? Pourtant, la cuisine Marocaine est l’une des plus variées et goûteuses qui soit.
Vous voulez savoir où manger le meilleur tajine de toute la ville ? Un conseil : apprenez à le préparer vous-même !
Aficionado des cours de cuisine en voyage, au matin de ce troisième jour, c’est le sourire aux lèvres que je rejoins le petit groupe de cuistots en herbe rassemblés au point de rendez-vous devant la mosquée Bab Doukkala.
Il n’y a pas à dire, quand vous visitez Marrakech en solo, c’est le genre d’activité idéale pour retrouver un environnement social bienveillant et rencontrer de nouvelles personnes !
Nous allons donc nous essayer aux secrets de la cuisine marocaine en compagnie de Khmisa et Kawtar, deux Marrakchis passionnées de cuisine maison et qui font preuve d’un enthousiasme à toute épreuve pour transmettre leur savoir.
Au menu de la journée : courses de légumes frais au marché, et préparation d’un menu trois plats avec assortiment de salades marocaines en entrée, tajine —végétarien pour ma part et au poulet-citrons confits pour le reste du groupe— et pastilla aux abricots en dessert. Un must.
Pour en savoir plus : Cours de cuisine à Marrakech : apprenez à cuisiner le tajine traditionnel chez l’habitant
Jour 4 : Échappez-vous pour une journée dans la vallée de l’Ourika
Après trois jours passés dans le dédale des souks aux ruelles couvertes de paillis où ne filtre qu’une partie de la lumière, vous commencerez à avoir des envies de grands espaces, de nature, d’horizon dégagés.
C’est le bon moment pour vous échapper loin de l’effervescence de Marrakech.
J’ai choisi la vallée de l’Ourika, et je n’ai pas été déçue. La vallée de l’Ourika est sise dans un écrin de montagnes, sur les contreforts du Haut Atlas. Au fond de la vallée coule la rivière Ourika, le long d’une petite route qui serpente entre des villages berbères de montagne qui ont su préserver leur authenticité.
Depuis le village de Setti Fatma, le dernier village au fond de la vallée, on peut faire une jolie “randonnée” (je mets des guillemets car les locaux ont aménagé les lieux avec des petits stands de rafraichissements et des boutiques de souvenirs tous les 50 mètres, ce qui enlève un peu du caractère « nature » des lieux) en bord de rivière, pour admirer 7 belles cascades.
Pour en savoir plus : Vallée de l’Ourika : à la rencontre des villages berbères et des cascades du Haut-Atlas
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Parce qu’il fallait bien être concise (et que ce n’est guère ma spécialité), je ne vous ai pas parlé, pour ce tour de Marrakech en solo, des soirées relaxantes au hammam, après votre balade dans les souks ou votre randonnée dans le Haut-Atlas, ni des petits restaurants typiques que vous découvrirez à la sauvette alors que votre guide du Routard vous indiquait un tout autre chemin, ni des jeunes femmes qui vous parfumeront délicatement avec de l’huile de jasmin dans leur boutique raffinée, ni des dresseurs de caméléons qui vous parleront de l’histoire des épices mieux que quiconque, ni des herboristes en blouses blanches qui vous apprendront à manier le khôl traditionnel avec un grand sérieux, ni des sourires et de l’attention permanente du personnel des riads, ni des signes de la main et des hochements de tête des inconnus de la rue qui seront là à tout moment pour vous aider, vous accueillir, vous faire aimer leur pays car oui, Marrakech, au-delà de ses merveilles architecturales et naturelles, vaut le détour uniquement pour ses habitants, les Marocains, qui ont un cœur en or et qui vous feront vous sentir chez eux comme chez vous.
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