Randonnée itinérante de 4 jours en Ubaye et escalade à l’Aiguille Pierre André
L’automne a jeté sur les mélèzes une coulée de feux d’or et tout s’est embrasé. On croirait que la forêt a pris un coup de roussi. La montagne autour du petit hameau de Maljasset, en Haute Ubaye, fait contraster ses flamboyances sur fond de ciel bleu. Il fait très chaud pour ce weekend prolongé du premier novembre et seul le bruit du torrent vient nous rafraîchir sous le soleil.
Nous partons pour une randonnée de 4 jours en Ubaye qui nous mènera dans le vallon de Mary jusqu’à la Bergerie Supérieure de Mary, puis sur le plateau au pied de l’Aiguille Large et vers l’Aiguille Pierre André que nous tenterons de gravir par une grande voie d’escalade accessible.
La redescente se fera par le vallon de Chillol avec une halte idyllique à la Bergerie de Chillol avant de retourner à notre point de départ. Je vous emmène en itinérance de cabanes en cabanes pour profiter de cet automne qui a un goût d’été indien.
- Carte de l’itinéraire
- Infos pratiques et dénivelés
- Premier jour: Départ de Maljasset et montée par le Vallon de Mary
- Deuxième jour : Nuit à la Bergerie Supérieure, sentier du Col de Mary
- Troisième jour : ascension de l’Aiguille Pierre André
- Quatrième jour : Nuit à la bergerie de Chillol et chemin du retour
Carte de l’itinéraire
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CARTES :
- Carte IGN : TOP 25 3538 ET Aiguille de Chambeyron – Cols de Larche et Vars
- Carte IGN : TOP 25 3637 OT Mont Viso – St-Véran – Aiguilles – PNR du Queyras
ALTITUDES :
- Départ : 1890m
- Bergerie Supérieure de Marie : 2375m env.
- Aiguille Pierre André : 2623m
- Pas Nord de Chillol : 2736m
- Cabane de Chillol : 2483m
DÉNIVELÉ TOTAL :
- Jours 1-2 : Parking de Maljasset -> Bergerie Supérieure de Mary : +485m
- Jour 3 : Bergerie Supérieure de Mary -> Pas Nord de Chillol : +361m ; -253m
- Jour 4 : Cabane de Chillol -> Maljasset : -593m
Premier jour : Départ de Maljasset et montée par le Vallon de Mary
Située dans les Alpes-de-Haute-Provence, entre Queyras et Mercantour et aux portes de l’Italie, la haute vallée de l’Ubaye (autrefois appelée vallée de Barcelonnette) peut être considérée comme l’une des dernières vallées sauvages des Alpes. C’était autrefois un lieu de passage incontournable entre la France et l’Italie qui n’est plus aujourd’hui emprunté que par des randonneurs en quête de paysages préservés.
Le départ de la randonnée se fait au village de Maljasset, charmant avec ses maisons en toits de lauze, que l’on atteint à partir de Saint-Paul-sur-Ubaye, par une route sauvage qui serpente à travers des hameaux endormis. Il est 14 heures quand nous quittons le parking de Maljasset qui est presque désert. Seuls quelques retraités en balade autour du hameau nous saluent et on pressent que ces quatre jours vont être très tranquilles.
Maljasset est déjà derrière nous et nous passons devant la chapelle de Saint-Antoine-de-Maurin, silencieuse au bord du chemin. Elle a été construite en 1431 pour permettre aux habitants de ces villages isolés d’assister à l’office. Elle renferme notamment une magnifique fresque étonnamment bien conservée.
Après le passage sur le petit pont, le sentier commence à grimper entre les mélèzes flamboyants. Arrivés dans le vallon de Mary, la montagne reprend ses droits et le sentier qui se faufile sous le regard bienveillant sur notre droite de l’aiguille Pierre André (2623m) et de l’Aiguille Large (2857m) passe soudain à l’ombre.
La forêt va bientôt faire place aux herbages et le bois de chauffe ne sera plus accessible. Je vous conseille ici d’en ramasser en lisière de forêt aux abords du torrent de Mary, assez en amont de la Bergerie Inférieure localisée sur la carte qui figure dans cet article, forêt que j’estime à environ 30 minutes avant l’arrivée à la Bergerie Supérieure de Mary. Les petits conifères çà et là nous permettent de constituer de beaux fagots qui seront ficelés au sac à dos.
Deuxième jour : Nuit à la Bergerie Supérieure, sentier du Col de Mary
On arrive à la bergerie de Mary sur le coup dès 17 heures. Elle est encore baignée de soleil dans son écrin de montagnes. Le coin est splendide. On est à 2375 mètres d’altitude sur le chemin qui mène au col de Mary, qui se trouve à cheval sur la frontière franco-italienne et marque la limite de l’Ubaye.
Petit détail pittoresque : au col de Mary (2641 m) se trouve la plus haute boîte-aux-lettres d’Europe, qui permettait autrefois aux ouvriers piémontais qui travaillaient dans les carrières de la Haute Ubaye de rester en contact avec leurs familles restées en Italie. Selon la légende, le courrier y serait toujours régulièrement relevé.
Petit point info cabanes pour les novices : en France, les cabanes de bergers restent souvent accessibles au grand public en dehors des estives. Souvent ravissantes, elles peuvent être plus ou moins bien équipées avec lits et matelas, et leur entretien est soumis à la diligence des randonneurs qui prendront soin de nettoyer les lieux après leur passage, refaire le plein de bois si un poêle est disponible et surtout, signaler toute remarque utile dans le carnet de bord. Le site collaboratif Refuges.info est une mine d’or pour trouver ces petites perles lors de la recherche d’itinéraires en montagne.
Je pousse la porte en bois de la bergerie Supérieure de Mary. Il n’y a personne. Les sous-pentes du toit de la cabane sont couverts de dessins d’enfants. Dans un coin de la pièce, un poêle attend sagement sa première flambée de la journée. On pose nos affaires sur la table en bois.
En montagne, les dîners se prennent de bonne heure et à peine le soleil est-il couché qu’on s’attèle à préparer notre popote. Pâtes au fromage, charcuterie et chocolat. Un classique qui réconforte à tous les coups après une belle après-midi de marche.
Autour de nous, quand le soleil disparaît derrière les sommets environnants, on ne peut qu’attendre alors les étoiles et profiter du calme absolu des alpages.
Troisième jour : Ascension de l’Aiguille Pierre André
Le lendemain, notre circuit nous emmène jusqu’à l’aiguille Pierre André, bien connue des grimpeurs de Haute Ubaye. Nous levons le camp en milieu de matinée et remontons le sentier en face de la bergerie qui mène jusqu’aux lacs de Marinet.
Le panorama sur les lacs gelés est à couper le souffle, avec les Aiguilles de Chambeyron en toile de fond. Souffle que j’ai un peu de mal à retrouver d’ailleurs car mon sac pour 4 jours avec le matériel de grimpe est lourd et que la montée est raide. Un autre sentier de randonnée permet d’atteindre les lacs supérieurs, mais nous contournons ce passage.
Passé le col de Marinet on contourne l’Aiguille Large et on se dirige vers l’Aiguille Pierre André. C’est un monolithe de 200 mètres totalement improbable qui se dresse tel un menhir géant au milieu de la montagne.
On pose nos affaires de bivouac au col Large pour s’alléger et on marche vers la face Ouest de l’Aiguille, pour emprunter le sentier en lacets qui se termine entre la Pierre André et l’Aiguille Large de Mary. On a décidé de faire l’ascension par la voie normale, tranquillement.
Il y a trois longueurs qui ne dépassent pas le 3c et c’est bien suffisant dans notre niveau pour admirer la majesté de ce bloc rocheux. D’autres voies plus intrépides sont bien sûr disponibles et raviront les grimpeurs plus chevronnés, comme notamment la voie des Marmottes Givrées.
La voie normale fait 80 mètres, elle est équipée de rings, pitons et relais sur chaînes. Rien de difficile et on arrive en haut, ravis de contempler ce paysage de sommets qui s’offre à nous.
La descente se fait par 2 ou 3 rappels faciles (selon longueur de corde). C’est l’heure du retour vers le col.
Quatrième jour : Nuit à la bergerie de Chillol et chemin du retour
Le soleil qui commence à baisser inonde tout d’une lumière dorée surréaliste. Le sentier se dirige en pente douce à travers le vallon de Chillol.
Tout à coup, la bergerie apparaît, sur un replat baigné de rayons. Posée au bord d’un petit lac qui porte son nom, la bergerie de Chillol a tout d’une carte postale, et c’est sans doute la plus belle cabane qu’il m’ait été donné de visiter.
Elle est équipée d’une petite table en bois avec ses bancs, d’un poêle à bois et, Ô luxe, d’un lit double avec un vrai matelas ! Au grenier, il y a des matelas pour 4 personnes et des couvertures.
Le berger, dit-on, vient y passer l’été avec 1500 bêtes, et on l’envie : quelle quiétude dans cet endroit hors du temps !
Le soir tombe et c’est l’heure du dîner-réchaud aux chandelles avec nuit bien méritée.
Le lendemain signe déjà la fin du voyage. Le chemin de retour se fait en redescendant le vallon de Chillol, puis, arrivés dans la vallée, on bifurque à droite pour suivre la route (on choisit de marcher à droite du torrent en lisière de forêt) pour rejoindre le parking de Maljasset.
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Un commentaire
Line
Et voilà, maintenant je n’ai qu’une envie c’est d’aller déposer une carte postale dans cette fameuse boîte aux lettres… histoire de vérifier la légende